Soutenance de la thèse de Laura Fortel

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Soutenance de la thèse de Laura Fortel
Mercredi, 1 Octobre, 2014

Soutenance de thèse intitulée "Ecologie et conservation des abeilles le long d'un gradient d'urbanisation".

Elle aura lieu le 1er octobre 2014 à 13h30 en salle des thèses de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Campus centre-ville, site Sainte Marthe.
 

Résumé:
    Depuis des années, on observe un déclin des insectes pollinisateurs. La perte d’habitats naturels, en partie liée à l’urbanisation, est considérée comme l’une des causes majeures de ce déclin. Des populations d’abeilles (Hymenoptera : Anthophila) se maintiennent cependant en milieux urbains. La structure de leurs communautés, ainsi que leurs comportements de butinage et de nidification peuvent être affectés par les perturbations liées à l’urbanisation. Notre objectif était d’évaluer l’ampleur de ces modifications et de comprendre leurs mécanismes en utilisant 24 sites dans le Grand Lyon localisés selon un gradient d’urbanisation croissante (mesurée par la proportion de surfaces imperméables). Nous avons analysé les réseaux d’interactions pour étudier les relations flore-abeilles et nous avons mis en place des aménagements pour la nidification (carrés de sol et hôtels à abeilles) sur 16 sites urbains ou périurbains pour étudier la dynamique de nidification et son impact sur les populations.
    Nous avons capturé 16352 spécimens appartenant à 293 espèces, soit près du tiers de la faune française d’abeilles. Les sites périurbains (avec environ 50% de surface imperméable) avaient la plus grande richesse spécifique. Les abeilles à langue longue et les abeilles cavicoles étaient plus présentes dans les milieux urbanisés, mais la spécialisation des interactions plantes-abeilles est restée stable le long du gradient d’urbanisation. La diversité spécifique des abeilles était associée de façon positive avec la diversité florale, la durée de floraison des espèces végétales et/ou leur floribondité. Les communautés d’abeilles étaient dépendantes de ces trois facteurs et aussi des plantes spontanées (natives ou naturalisées) plus que des plantes horticoles (ornementales ou exotiques). Enfin, les aménagements pour la nidification ont été colonisés par une faune d’abeilles diversifiée. Hormis Osmia bicornis, les abeilles ne présentaient aucune préférence quant aux substrats dans lesquels elles nidifiaient. Même si l’urbanisation change la structure des communautés d’abeilles, nos résultats confirment qu’une diversité importante d’abeilles sauvages peut perdurer dans des milieux moyennement, mais aussi fortement urbanisés.
    Dans un contexte d’urbanisation croissante et de déclin des abeilles, il semble indispensable de mettre en place des plans de gestion en faveur de ces insectes pollinisateurs sauvages en agissant sur l’étendue des surfaces fleuries, les continuités écologiques entre ces surfaces, et une gestion plus appropriée des parcs, jardins et espaces verts urbains. La présence d’une grande diversité d’espèces y compris dans des milieux très anthropisés fait vraiment des abeilles un groupe phare pour sensibiliser les citoyens à la biodiversité et aux services écosystémiques.